Évaluer les besoins en eau des porcs
La consommation d’eau en élevage porcin est difficile à cerner en raison d’une forte variabilité, à la fois entre animaux et chez un même individu.
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« Dans un élevage porcin, 94 % des prélèvements d’eau concernent l’abreuvement, dont la moitié en engraissement, explique Yannick Ramonet, conseiller porcin à la chambre d’agriculture de la Bretagne (1). Les 6 % restants sont liés au nettoyage, à la brumisation ou encore au lavage d’air. »
Pour agir sur la consommation d’eau dans les élevages, l’eau de boisson constitue le principal levier d’action. L’objectif est bien sûr de préserver la ressource, poursuit-il, « mais l’enjeu est aussi économique : le prix de l’eau augmente, et une fois transformée en lisier, elle devient coûteuse à épandre. »
À l’inverse, la réglementation tend à augmenter la consommation pour favoriser le bien-être animal. L’arrêté du 16 janvier 2003 stipule que « tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir un accès permanent à de l’eau fraîche en quantité suffisante. » Un arrêté du 24 février 2020 précise le nombre maximal d’animaux par type de dispositif d’abreuvement (bol/pipette) et par type d’alimentation (sèche ou soupe). Il faut un dispositif réservé à l’abreuvement. La distribution de repas d’eau par la machine à soupe est possible, mais l’installation d’un dispositif d’abreuvement spécifique et fonctionnel reste toujours nécessaire pour assurer que les animaux ont accès à de l’eau en permanence.
Besoin physiologique et comportemental
Du côté des volumes, les données de référence datant de 2014 indiquent qu’une truie gestante consomme en moyenne 23,8 litres d’eau par jour (l/j), avec une variation d’environ ±5 litres (entre 10 et 15 l/j au Dac). En maternité, la consommation monte à 31 l/j. Un porc en postsevrage boit en moyenne 3,1 l/j (±1 litre), tandis qu’un porc en engraissement atteint environ 7 l/j (±1,7 litre). « Ces chiffres masquent une grande variabilité entre les élevages, les animaux, les saisons, précise Yannick Ramonet. Pour une truie, la consommation peut varier de 38 % d’un jour à l’autre. Il y a une grande variabilité dans un même troupeau, et pour un même individu. »
La consommation d’eau répond à des besoins physiologiques essentiels : fonctionnement métabolique, thermorégulation. Mais l’abreuvement relève aussi d’un comportement naturel de l’animal. Par exemple, même lorsque les porcs reçoivent de la soupe très diluée (jusqu’à 3,5 l/kg en engraissement), ils conservent une consommation résiduelle d’eau. Ce besoin est aussi influencé par la température ambiante. Des essais menés à la station de Guernevez en 2017 ont montré que le profil d’abreuvement suit une courbe similaire à celle des températures. D’où l’importance d’un accès permanent à l’eau.
Cette forte variabilité a été confirmée par les données recueillies à la station expérimentale de Crécom, qui s’est équipée d’abreuvoirs connectés à la fin de 2024. « En engraissement, nous avons observé sur une même journée un nombre de passages en moyenne de 20,7/j (de 5 à 45 passages). La quantité moyenne d’eau prélevée est de 3,9 l/j mais varie de 2 à 9 l selon les animaux », conclut Yannick Ramonet.
(1) Il intervenait lors d’une journée technique à Crécom en mars 2025.
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